Raguideau Corinne


Née à Paris où j’effectuai mes humanités jusqu’à l’année de la maîtrise, je poursuivis ensuite mes études en tant que germaniste à Nantes. Une ville dans laquelle je resterai quelque 35 années…

Le temps d’y dérouler une carrière passionnante, riche et variée, dans des fonctions différentes mais toujours au sein de l’Education Nationale, cette grande maison turbulente et attachante. Dans chacune de ces fonctions, je m’épanouirai avec un bonheur toujours renouvelé – serais-je une bonne nature, éternelle satisfaite de son sort ? Sans doute, pour une part. Mais c’est surtout que toutes les fonctions d’éducation et de pédagogie, quel que soit le poste occupé, revêtent cet enjeu universel et recouvrent ces valeurs humaines et morales qui ne peuvent qu’ennoblir celui qui les remplit, et donner du sens à son passage si fugace sur terre. J’ai eu cette chance-là…

Tour à tour professeur d’allemand en lycée, proviseur adjoint – au Lycée Jacques Prévert de Savenay, dont le proviseur de l’époque, Jean-Pierre Clavez, aujourd’hui décédé et à qui je souhaite rendre hommage, a été pour moi un véritable Pygmalion et un guide précieux dans mes premiers pas dans les postes de direction –, principale d’un collège classé en éducation prioritaire, conseillère du recteur sur les questions de vie scolaire et de pilotage des établissements scolaires (Proviseur Vie Scolaire, pour les initiés), directrice de Cabinet de trois recteurs successifs, je demandai et obtins en 2012 le poste de proviseur du Lycée Clemenceau à Nantes.

Je resterai sept ans à la tête de cet établissement emblématique de la région ligérienne, mon plus long bail jusqu’alors dans un même endroit ! Et quand je le quitterai pour rejoindre un autre poste enviable, à la tête de la cité scolaire Lakanal à Sceaux, ce sera non sans un gros pincement au cœur. Mais l’obligation de mobilité se rapprochant, et ma liberté de mouvement (en termes de mobilité géographique, s’entend) désormais recouvrée, il était temps de couper les ponts avec la région nantaise – et quel autre poste, après Clemenceau, aurait pu m’y retenir ?! – et de retrouver mes racines parisiennes.

 

Les souvenirs que je garde de Clemenceau se bousculent – forcément, après sept ans : certains drôles, d’autres émouvants, d’autres encore stressants ou au contraire heureux, quelques-uns tragiques.

Mais l’image la plus prégnante et la plus nette qui restera gravée en moi, c’est celle d’équipes très présentes, très investies, attachées certes à la tradition et à l’histoire des lieux mais sans en être prisonnières. Au contraire, et plus qu’ailleurs sans doute, ma volonté de faire évoluer les habitudes, de faire bouger les lignes, de susciter l’envie et le courage d’innover et d’expérimenter, de se remettre en cause et ne jamais se satisfaire des réussites déjà obtenues, cette volonté a rencontré l’adhésion de femmes et d’hommes prêts à s’investir sur les chantiers ainsi ouverts. Et je ne parle pas ici seulement des enseignants, même si leur part est évidemment prépondérante et décisive, mais aussi des autres personnels, mais aussi des élèves et des étudiants, mais aussi des « anciens » toujours actifs pour le plus grand bénéfice de l’établissement. Les débats ont toujours été animés, parfois vifs, voire houleux, mais ils ont eu le mérite d’être. Fréquents. Réguliers. Nourris. C’est là le signe d’une communauté mobilisée sur le devenir de la collectivité, impliquée dans la politique de l’établissement, porteuse d’une vision.

C’est là le signe d’un établissement qui vit, tout simplement.

Longue vie, donc, à Clemenceau !