MAURAT Jules / Regard sur… par Jean-Paul Bouchoux


Jules MAURAT (1828-1898)

 

Professeur de physique et chimie

au lycée de Nantes de 1852 à 1859

 

jules-maurat-1828-1898

 

 

Extraits des Mémoires d’Edmond MAURAT, fils de Jules MAURAT 

 

Clément MAURAT, étudiant en pharmacie est, comme son aîné Joseph étudiant en médecine, mobilisé en 1813. Ils participeront à la Campagne de Russie dans le service sanitaire. Clément épouse le 8 octobre 1820 Adèle PITAY. Clément et Adèle ont 5 enfants.

Le troisième, Jules, né en 1828, après ses deux bacs philosophie et mathématique, part préparer les grandes écoles à Paris au collège Bourbon (aujourd’hui lycée Condorcet ).

En 1848, reçu à la fois à Polytechnique et à Normale supérieure, Jules opte pour cette dernière. Il y aura comme condisciples TAINE, SARCEY, ABOUT, le futur cardinal PERRAUD, PREVOST-PARADOL (cette promotion a été appelée la « grande promotion »). À sa sortie de l’École en 1851, il est nommé professeur de physique et chimie à Châteauroux.

En 1852, il est reçu premier à l’agrégation de physique-chimie. Le jury d’oral était présidé par PASTEUR qui le félicite et avec qui il continuera à entretenir des relations. A la rentrée d’octobre, il est nommé au lycée de Nantes où il aura comme élève Georges CLEMENCEAU. En 1859, il est nommé à Orléans. En 1864, il est nommé à Paris au Lycée Saint-Louis.

En 1889, à 61 ans, Jules MAURAT prend sa retraite, aban­donnant même ses fonctions de trésorier de la Société de physique dont il est l’un des fondateurs. Durant l’été 1896, l’état de santé de Jules, atteint d’une maladie neuro-dégénérative, s’aggrave. Il semble qu’on puisse faire remonter le début des troubles à une chute qu’il fit dans Paris en 1894 lors d’un congrès des anciens de Normale Supérieure. Edmond décrit les symptômes et leur progressivité qui aboutit à une perte d’autonomie et à la mort le 23 février 1898.

Jules MAURAT a eu 3 enfants : Louis (1864-1909), Edmond (1881-1972) et Juliette (1886-1916).

 

Jean-Paul Bouchoux

Ancien professeur de sciences-physiques

au lycée Clemenceau

 

Jean-Paul Bouchoux souligne que c’est le petit-fils de Juliette, l’arrière petit-fils de Jules Maurat, Monsieur Alain Delepierre qui a communiqué le portrait de Jules Maurat, les mémoires de son grand-oncle, Edmond Maurat, et l’anecdote de Grand-Lieu qui suit.

 


 

Anecdote de Grand-Lieu,

racontée par Edmond MAURAT

 

Au cours de son séjour à Nantes, mon père fit notamment des expériences dans les eaux du lac de Grand-Lieu1 relatives à la mesure de la vitesse de transmission du son dans l’eau à des profondeurs variables.

Voici le récit que j’ai entendu de la bouche de mon père, d’un incident tragi-comique auquel ces expériences donnèrent lieu.

Mon père et son collaborateur avaient immergé des cloches et, chacun dans une barque, ils émettaient et recevaient des sons dont ils mesuraient la vitesse de transmission. L’aménagement de ce dispositif avait occupé toute la journée et ce n’est qu’à la nuit tombante que les expériences purent commencer. Elles devaient prendre fin assez tard dans la nuit.

Lorsque les deux hommes regagnèrent le rivage, ils ne furent pas peu surpris, sur le point d’aborder, en apercevant sur la berge toute une troupe de paysans, tous armés, qui manifestèrent l’intention de leur faire un mauvais sort. On dut parlementer à distance et les expérimentateurs échappèrent finalement au danger qui les avait menacés. Ils apprirent avec surprise que la ville de Grand-Lieu passait pour avoir été engloutie dans le lac, punition céleste sans doute ; en entendant sortir des eaux le son des cloches, les paysans avaient cru que c’était le diable en personne qui sonnait le tocsin dans les profondeurs des eaux et une grande frayeur s’en était suivie.

 

1 Le lac de Grand-Lieu est situé à une douzaine de kilomètres au sud de Nantes.