2024/02/16 – Clément Castagna se souvient de Robert Badinter (témoignage)


Clément Castagna

 

nous livre

 

ses souvenirs

 

Clément

Photo Jean-Louis Bailly

 

 

« De ce 1er avril 2008, j’ai quelques souvenirs fugaces et un peu amusés d’une longue journée grimé en soldat napoléonien, alors jeune lycéen de Première, tout dévoué à cette mise en scène générale pour retrouver un peu l’époque de la création du Lycée Clemenceau, deux cent ans en arrière. 

Au milieu de ce curieux attirail d’élèves flottant dans des uniformes tout droit venus d’un temps où les soldats ne valaient pas grand-chose dans les yeux des empereurs, je me rappelle évidemment la présence de Robert Badinter, cet homme humble et digne, calme mais assertif, qui rayonnait d’un profond sentiment de justice particulièrement impressionnant pour le jeune homme que je devenais à peine. 

 

Photo Jean-Louis Bailly

 

Je l’avais suivi un peu toute la journée et avant sa prise de parole dans le gymnase, dont j’avoue ne pas me rappeler grand-chose, d’abord pour son échange avec des étudiants, dans l’amphithéâtre Thomas Narcejac du lycée, où j’étais cette fois sur scène à ses côtés pour prendre les questions et animer les échanges. Je me sentais tout à fait fier d’un tel honneur, fier et intimidé aussi, surtout même, par la sagesse et l’engagement profond que je sentais derrière ces petits yeux tantôt rieurs, tantôt fermés. Il s’était longuement exprimé sur la situation catastrophique du système pénitentiaire français, et sur tous les problèmes que cela pose.

Force est de constater que, malheureusement, rien n’a changé en 15 ans alors que l’Etat français a été condamné une nouvelle fois l’été dernier par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour la surpopulation critique de ses prisons, alors que des milliers de détenus dorment à même le sol, alors qu’on y jette régulièrement des manifestants pour des broutilles, confirmant si c’était encore nécessaire que le système pénitentiaire n’est autre qu’une marge où l’on écarte, où l’on déshumanise. Les idées de gauche, de justice sociale, de vivre ensemble et de faire société ont décidément la vie dure. Robert Badinter était de ceux qui défendaient nombre de ces idées, avec aplomb et conviction, jusqu’au bout. Il est une grande figure parmi d’autres qui inspire et continuera d’inspirer.

 

 

J’ai surtout deux autres souvenirs en lien avec Robert Badinter, et qui ne datent pas du 1er avril 2008. 

Le premier est un cours de français de Jean-Louis Bailly, fin 2007 ou début 2008, où mon professeur passionné et passionnant nous avait fait réécrire, à notre sauce, la célèbre plaidoirie de Robert Badinter contre la peine de mort lors du procès de Patrick Henry, à partir de souvenirs du célèbre avocat. Nous avions chacun déclamé notre plaidoirie, parlant aux jurés imaginaires de Bontems et Buffet, les presque derniers exécutés de France, dont l’un fut tué sans avoir tué, animant la flamme de la lutte pour l’abolition dans le cœur de Badinter. 

Le second date de fin 2009, quand nous avions édité à quelques-uns en quittant le lycée notre « book de promo », un concentré de souvenirs distribué à tous les élèves pour se rappeler toujours nos années dans les murs de Clemenceau. J’en avais envoyé un à Robert Badinter, en souvenir de sa venue au lycée sur la période que couvrait notre « book ». J’avais été agréablement surpris, et touché, de recevoir, quelques semaines plus tard, une courte lettre de remerciements de sa part. Je garde précieusement ce petit souvenir signé de sa main ! 

Clément Castagna

16 février 2024″

 

 

 

Merci Clément

Heureux de te retrouver

Georges