2024/02/10 – Dalila Abdi se souvient de Robert Badinter (témoignage)


Quelle surprise !

 

A la réception du joli

témoignage

de la journaliste

 

Dalila Abdi

 

ancienne du lycée

 

 

 

Il était une voix…  et pour moi la seule voie

 

Je passe le bac au Lycée Clemenceau à Nantes : Lycée d’excellence qui m’a donné ma chance.

Je suis interne, mes camarades, sont toutes musiciennes ou danseuses au Conservatoire.

En leur compagnie j’apprends que j’ai une voix, alors je chanterai pour fêter le Centenaire des bâtiments du Lycée.

Mes pas résonnent dans la Chapelle, la Cour d’Honneur, dans les longs corridors et les salles de classe.

Je pense aux pas des grands hommes qui m’ont précédée. Un Président (Clemenceau), des poètes, des lettrés, tous des visionnaires qui ont marqué leur temps et la France.

Le Lycée a abrité leurs rêves à eux aussi. Parmi eux Robert Badinter…

Les années passent, je suis journaliste sur l’une des plus belles émissions de la télévision, une oasis de liberté d’expression et de réflexion sur le monde qui nous entoure.

Je veux faire une émission sur les prisons pour des raisons personnelles.

Je n’envisage pas de faire cette émission sans Robert Badinter.

Mes collègues me dissuadent … « Tu ne pourras jamais lui parler, c’est impossible ».

Évidemment je ne lâcherai pas !

Évidemment, je me procure immédiatement son tel personnel, mais l’homme est trop grand et j’ai trop d’estime pour lui pour m’autoriser à l’importuner.

Alors pendant 15 jours j’appelle tous les jours ses collaborateurs qui me disent qu’il ne viendra pas en plateau.

Mes collègues sourient … « On te l’avait bien dit ».

Et le téléphone sonne, M. Badinter en personne :

« Mademoiselle c’est vous qui voulez faire une émission sur les prisons ?

Je tenais à vous dire que vous êtes très persuasive… ».

il ne tient pas à faire l’émission mais nous discutons pendant 30 minutes.

On parle des prisons de mes motivations et, comme d’anciens élèves du Lycée Clemenceau, complices.

Il était là pour le Bicentenaire; au Centenaire des bâtiments, il m’aurait entendu chanter.

Dans la rédaction plus un bruit, mes collègues sont sur le cul, suspendus à mes lèvres et tendent l’oreille dans l’espoir d’entendre les mots du grand homme.

Il ne veut pas faire l’émission et moi je refuse de parler des prisons sans lui, je lui dis, Il sourit, amusé, il croit sans doute que je bluffe, mais j’ai tenu parole.

Contre ma rédaction qui me pressait de trouver un autre invité mais avec le soutien de Frédéric Taddeï avec qui nous partagions la même envie de faire chaque soir la meilleure émission.

Tout le temps qu’a duré Ce Soir Ou Jamais à l’antenne, il n’y a pas eu d’émission sur les prisons, même après que je sois partie.

Et ça Monsieur, je vous l’avais promis.

Nous nous sommes croisés, nous ne nous sommes jamais rencontrés mais j’ai entendu votre voix forte porter la dignité de la France et vous avez eu l’élégance d’écouter la mienne.

Dalila Abdi

 

Grand merci !

Mais on veut en savoir plus !

Georges