2023/11/09 – Commémoration du « 11 novembre 1918 » au lycée Clemenceau


Le Lycée Clemenceau

l’Amicale des Anciens Elèves des lycées Clemenceau et Jules Verne

le Comité de l’Histoire du lycée Clemenceau

 

ont commémoré le

« 11 novembre 1918 »

 

 

Trois gerbes pour se souvenir, rendre hommage aux victimes des guerres et appeler à la Paix !

 

 

 

 

Photos Evelyne KIRN

 

Evelyne Kirn, vice-présidente de l’Amicale des Anciens Elèves

aux côtés d’Isabelle de Loupy, proviseure

Photo JLL

 

 

 

 

Prise de parole de Jean-Louis Liters

président du Comité de l’Histoire du Lycée Clemenceau

 

Madame la Proviseure,

Madame la Vice-Présidente de l’Amicale des Anciens Elèves,

Chères et chers amis ici assemblés pour ce moment de recueillement

Ce jeudi 9 novembre le musée du Trièves projettera ce soir un film de 1936, intitulé  Au service du Tzar dont l’interprète principal est l’acteur Pierre Richard-Willm qui fut un élève du lycée avant 1914 et fit la Grande guerre. Malheureusement le musée du Trièves est à Mens, berceau de la famille Richard, et cette commune de l’Isère. est un peu loin de Nantes.

80 années auparavant, précisément le jeudi 16 septembre 1943, il faisait beau à Nantes. La rentrée scolaire n’était pas encore effectuée et chacun vaquait à ses occupations. 

De nombreux jeunes avaient choisi daller au cinéma pour assister à la séance de 15 heures à lOlympia (1 rue Franklin) ou au Studio (rue Scribe) à la projection de la première époque du film tiré du roman dAlexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo. Dans le rôle titre, notre acteur Pierre Richard-Willm, très célèbre à l’époque. 

Mais, peu après 16 heures, apparurent sur les écrans une alerte et linjonction de quitter la salle. LOlympia nallait pas tarder à pâtir du premier des trois bombardements alliés de Nantes des 16 et 23 septembre 1943 avec leurs lots de destructions et de victimes civiles.

L’année 1943 fut une année terrible pour le lycée Clemenceau qui vit une partie de sa façade s’écrouler sous le bombardement allié du 23 septembre et dut fermer ses portes. Une année marquée aussi par l’instauration du Service du Travail Obligatoire en Allemagne, l’accentuation de la déportation vers les camps d’extermination et le démantèlement de réseaux de Résistance.

C’est en 1943 que le jeune Robert Mankel, élève du lycée, et son frère entrèrent en Résistance après l’arrestation de leur père.  Son nom a été ajouté aux tables mémorielles du parloir le 16 septembre dernier, en présence de sa famille. Accompagnés de leurs amis Heyte, les Mankel étaient venus spécialement du Luxembourg pour mettre leurs pas dans ceux de celui qui fut finalement exécuté par les nazis le long d’une route du côté de Vertou.

Bombardements, victimes civiles, déportations, exécutions sommaires en 1943. Il est sidérant qu’en 2023, d’autres êtres humains soient contraints de subir le même sort.

De même qu’il est inacceptable que des professeurs et des agents soient agressés dans leur lycée et, pire, qu’un professeur de français soit assassiné devant le portail de l’établissement où il aimait faire partager sa passion pour certains auteurs dont notre cher Julien Gracq.

Mais revenons à ce qui nous rassemble ici. Longtemps la commémoration eut lieu le jour même du 11 novembre. Au petit matin, il y avait dans la cour d’honneur les porte-drapeaux des anciens combattants et la musique militaire des régiments voisins. Elle venait en quelque sorte s’entrainer au lycée avant de gagner en ville le lieu des manifestations officielles.

Le 11 novembre c’était aussi la date anniversaire de la naissance du proviseur de l’époque Pierre Bernard-Brunet qui aurait après-demain 90 ans s’il n’avait été emporté en janvier 2014 par la maladie. Nous lui rendrons hommage le 16 janvier prochain.

Pierre Bernard-Brunet avait accepté en 1990 l’idée sinon saugrenue du moins inattendue, présentée par quatre professeurs, d’écrire un livre sur l’histoire du lycée, de fonder un Comité de l’Histoire du Lycée Clemenceau et de fêter en 1992 le Centenaire des bâtiments actuels du Lycée.

Or ce soir 9 novembre commence à Paris la veillée funèbre auprès de celui qui accepta, à la demande de son ami Pierre Perron, de présider ce Centenaire à côté de toutes les autorités. Henri Lopes est en effet décédé il y a quelques jours.  Nous perdons un écrivain, un homme d’Etat puisqu’il fut le premier ministre de son pays, la république du Congo, un haut fonctionnaire international à l’Unesco, un humaniste champion de la francophonie.

En 1992, la présidence avait donc été confiée à un Africain dans le lycée d’une ville marquée par l’esclavage, à un métis, de père et de mère eux-mêmes métis, qui avait été interne au lycée dans les années 50 et accueilli, lui le frère de café, dans la famille de son frère de lait.

En 2008, sous le provisorat de François Pilet, c’est Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux et ancien élève du Lycée, qui présida le Bicentenaire du Lycée Clemenceau. Robert Badinter dont le père issu d’une famille juive de Bessarabie est mort en déportation, fut on le sait le ministre qui fit voter l’abolition de la peine de mort.

Madame la Proviseure, pour un prochain centenaire fêté au lycée, il est probable que les jeunes générations qui administreront alors le Comité de l’Histoire et l’Amicale des Anciens Elèves inviteront une femme, ancienne élève. Cela pourrait être Sophie Binet, actuellement secrétaire générale de la CGT ou encore Maud Vinet mondialement connue pour ses travaux sur la physique quantique. Ou dans un autre genre, Héloïse Letissier, artiste sous le nom de Christine and the Queens.

Oui vraiment, au Lycée Clemenceau, on se sent bien quant il faut défendre et promouvoir ces valeurs : Liberté, Egalité, Fraternité auxquelles on peut ajouter Laïcité. 

 

Photo Michelle Bessaud