2022/11/14 – Assises du CNRS : « La France manque de mathématiciens » (La Croix)


Oyez Oyez,

braves gens,

damoiselles et damoiseaux !

 

Faites des mathématiques !

 

Le CNRS en ébullition

à juste titre !

 

 

Vu et lu dans le journal La Croix

 

 

 

Les chiffres sont impressionnants. 13 % des emplois salariés en France dépendent directement des mathématiques. Plus de 95 % des diplômés des filières mathématiques, niveau master ou au-delà, trouvent un emploi moins d’un an après leur sortie d’études. « Ces talents n’ont jamais été autant demandés », approuve Patrice Hauret, lui-même mathématicien et directeur de recherches chez Michelin. Comme d’autres grandes entreprises, le géant du pneu envisage nombre d’embauches dans les prochaines années.

Face aux besoins, le CNRS ouvre ses assises des mathématiques lundi 14 novembre. Durant trois jours, chercheurs et industriels vont dresser un état des lieux de la filière, des écoles aux entreprises. Car outre leur propre secteur de recherche, « les mathématiques irriguent toutes les disciplines et disposent de moins en moins de bras pour remplir des tâches toujours plus variées », rappelle Stéphane Jaffard, professeur à l’université Paris-Est Créteil et coordinateur des Assises.

Qu’il s’agisse de prévoir les rendements agricoles, de chercher de nouvelles molécules en santé, d’effectuer des statistiques en finances, ou de prévoir des itinéraires en logistique, les mathématiques sont partout, sous une forme ou une autre. « Quel que soit le métier, il y a un lien avec les nombres », assure Hugo Duminil-Copin, le lauréat de la médaille Fields cette année. « Et au quotidien, dans les achats, la cuisine, les sondages, il y a des mathématiques partout. C’est un outil aussi incontournable au citoyen que la lecture. »

Au-delà de l’excellence mathématique qu’il incarne, le trentenaire, professeur à l’université de Genève, veut mettre en avant les mathématiques comme socle de l’esprit scientifique, pour par exemple apprendre à faire la différence entre corrélation et causalité, ou savoir ce que représentent réellement des risques « multipliés par deux ».

Ce sont effectivement ces bases, cette culture scientifique, que recherchent de plus en plus les entreprises. « Les métiers évoluent très vite », constate Ghislaine Gueudet, professeur en didactique des mathématiques à l’université Paris-Saclay. « Donc la formation spécifique au métier se fait après, au sein de l’entreprise. » « Nous travaillons dans des domaines très variés, du pneu à la santé en passant par l’hydrogène, et la grande force des mathématiques c’est leur synergie, décrit Patrice Hauret. L’idée est d’avoir des salariés qui peuvent dialoguer entre tous les domaines, avec une transférabilité des compétences. »

« Les thèses en mathématiques forment à s’attaquer à un problème complexe pour le découper et l’analyser, autant de compétences utiles face aux défis industriels », décrypte Stéphane Jaffard, qui observe que « la différence entre mathématiques appliquées et fondamentales à tendance à s’amenuiser dans l’industrie ». Une observation partagée par Ghislaine Gueudet : « Beaucoup de jeunes qui font des cursus en mathématiques théoriques finissent dans des métiers liés à la cybersécurité ou à la gestion de base de données par exemple, et non plus seulement dans une carrière académique. »

Charge désormais à l’université et à l’enseignement supérieur d’attirer les étudiants. Certains cursus pourtant très fondamentaux proposent ainsi des stages pratiques en entreprises, pour se projeter dans la vie professionnelle. « Il faut montrer le large éventail de débouchés, et remobiliser notamment les jeunes femmes, avance Ghislaine Gueudet. En délaissant les études mathématiques, elles se privent d’opportunité d’emploi après. » Et par là même, de peser dans les transformations numériques, économiques et sociétales en cours.

Mais pour réussir, le monde académique a besoin d’enseignants. Là encore, la main-d’œuvre est difficile à trouver. « Les mathématiques contribueront à résoudre de très nombreux problèmes de la planète et du futur, et pourtant la France réduit la voilure sur l’enseignement ! », tempête Stéphane Jaffard. Depuis les années 2000, le nombre d’enseignants-chercheurs en mathématiques chute. Chaque campagne de recrutement se termine avec des places non pourvues. Avec le soutien des industriels et des grands groupes, les mathématiciens espèrent désormais convaincre le gouvernement de l’importance d’investir dans leur domaine si transversal.

 

Relayé par Jean-Louis Liters

 

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Denis Choimet,

 

interrogé,

nous donne son point de vue

sur le retour annoncé

des mathématiques au lycée

 

« Non, je n’assisterai pas aux Assises.

De toute façon, le ministère a déjà annoncé ses décisions, avec principalement une heure et demie de mathématiques obligatoires pour tous les élèves de Première n’ayant pas choisi la spécialité.

Cela ne résoudra en rien les difficultés constatées, car cette mesure

– n’a par définition aucun effet sur le vivier des élèves scientifiques en Première,

– aura même un effet négatif en Terminale : les élèves qui accéderont à l’option maths complémentaires à partir du seul enseignement obligatoire d’une heure et demie de Première seront inévitablement mis en difficulté. » (14/11/2022)

 

Denis Choimet a fait sa Prépa au Lycée Clemenceau. Il est revenu à Clemenceau pour enseigner les maths en « math sup » (et notamment en MPSI-2).

Depuis plusieurs années, il est le mathématicien de la MP*1 du Lycée du Parc à Lyon.

Il est aussi devenu le président de l’UPS (Union des Professeurs de classes préparatoires Scientifiques).

JLL