2022/11/10 – Commémoration du 11 novembre 1918 (Lycée Clemenceau)


Fidèles à la Commémoration du

« 11 novembre 1918 »

et à l’hommage à rendre à toutes les victimes des guerres

le Lycée, l’Amicale des Anciens Elèves

et le Comité de l’Histoire du Lycée

se sont retrouvés

ce 10 novembre 2022

dans la cour d’honneur du Lycée

 

La cérémonie était placée sous l’autorité d’Isabelle de Loupy, Proviseure du Lycée.

Evelyne Kirn, vice-présidente de l’Amicale des Anciens Elèves, rappela les circonstances de l’inauguration du monument aux morts du Lycée, puis parla du « bleuet de France », symbole de la solidarité nationale envers les anciens combattants et victimes de guerre.

Jean-Louis Liters, président du Comité de l’Histoire, évoqua deux anciens élèves camarades au Lycée, membres du réseau Cohors-Asturies et qui payèrent de leur vie leur acte de résistance durant la Deuxième Guerre mondiale.

 

Reportage avec des photos de Michelle Bessaud, ici vivement remerciée

 

 

Prise de parole devant le Monument aux morts

Evelyne KIRN au nom de l’Amicale des Anciens Elèves

 

 

 » Une fois de plus, si nous sommes réunis ici dans cette cour d’honneur comme tous les 11 novembre depuis 1922, (ce jour étant devenu férié le 24 octobre 1922), c’est pour nous « souvenir ensemble »comme l’a écrit un professeur de philosophie de ce lycée, devant le monument érigé, à la demande initiale du Président de l’Amicale des Anciens Elèves du lycée, au moyen d’une souscription ouverte à ceux ci, projet appuyé et conforté par la mairie de Nantes de l’époque.

En effet le 11 novembre 1918 soit le onzième jour du 11 ème mois de l’année à la 11 ème heure a été signé l’Armistice et ce fut un jour de Joie dans tout le pays mais il est ensuite devenu un jour de  Mémoire comme le maréchal Foch l’a exprimé à ce moment là : « un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».

Le monument a été sculpté par un ancien élève, lui même ancien combattant de la Grande Guerre (Siméon Foucault) et l’architecte (Charles Guignery) en était également un.

C’est Georges Clemenceau, lui même qui avait dès la signature de l’Armistice souhaité une journée de commémoration, qui est venu l’inaugurer le 27 mai 1922, il y a donc 100 ans cette année.

Se souvenir, c’est aussi se recueillir, faire silence devant cette œuvre mais aussi plus personnellement devant les presque 300 noms des décédés lors de la Première Guerre mondiale  inscrits sur les tables mémoriales commandées à l’architecte du monument et qui se trouvent  dans le parloir de ce lycée.

Que ce soient des professeurs, des membres de la direction, du personnel, des élèves,ils

méritent la mention de « morts pour la France ».

Tous ceux qui avaient un lien avec l’établissement sont sans distinction aucune énumérés, et certains étaient fort jeunes. 

D’autres n’y figurent pas par manque d’informations les concernant mais des recherches historiques sont toujours en cours et la liste s’allonge chaque année.

Ceux qui ont un accès à la chapelle du lycée y verront aussi un « tombeau-autel » portant la mention « Jusqu’à mourir pour la Patrie ».

Nous allons déposer au pied du monument  une gerbe de fleurs aux trois couleurs du drapeau français mais dans laquelle domine le bleuet.

Pourquoi cette fleur plutôt discrète ? Elle est devenue le symbole de la solidarité nationale  et de la mémoire entre les anciens combattants et victimes de guerre, depuis celle de 14/18                               

En effet, les « Poilus » surnommaient  les jeunes recrues les rejoignant sur le front « les Bleuets » en raison de leur uniforme bleu horizon encore immaculé lors de leur arrivée.

On dit aussi  que c’est la seule fleur sauvage à continuer de pousser sur les champs de bataille dévastés.

A partir de 1925, il est  d’usage pour les officiels  de porter une reproduction de cette fleur à la boutonnière chaque 11 novembre en signe d’hommage.

En effet, ce sont deux femmes, infirmières, qui avaient créé en 1918 « le bleuet de France », (Charlotte Malleterre, fille du commandant de l’Hôtel national des invalides et Suzanne Leenhardt), une organisation caritative ayant pour but de recueillir des fonds pour aider les mutilés de la Guerre; c’étaient les pensionnaires des Invalides qui fabriquaient des bleuets en tissu pour s’occuper et en tirer quelques revenus. 

En 1935 l’Etat a encadré et officialisé la vente des bleuets le 11 novembre.

Depuis 1991, l’oeuvre nationale du bleuet de France est placée sous l’autorité de l’Office National des Anciens Combattants et victimes de guerre (ONACVG).

La tradition s’est peu à peu perdue mais François Hollande l’a reprise pour les cérémonies du  11 novembre et notre Président de la République actuel la continue.

La Deuxième Guerre mondiale a fait également nombre de morts parmi la communauté lycéenne et sur les murs du parloir, vous lirez également les noms des disparus, liste certainement toujours incomplète.

En effet, il ne faut pas se cantonner à la guerre de 14/18 puisque malheureusement on n’en a pas tiré les leçons pour en éviter une autre. 

Et cette réflexion est toujours vraie même à notre époque, c’est sans doute ce qui a amené en 2012, Nicolas Sarkosy à faire voter une loi fixant au 11 novembre « la commémoration de TOUS les morts pour la France », afin de penser et rendre hommage à tous ceux qui ont disparu victimes de toutes les guerres qu’elles se soient déroulées en France ou à l’étranger.

De cruelles statistiques révèlent qu’entre 1963 et 2022, 773 militaires des forces armées françaises sont morts au service de la France.

La célébration de ce jour était considérée plus comme celle de la fin de la guerre que de la victoire et l’amorce d’un rapprochement européen. 

On peut espérer en ces temps incertains et actuels de guerres dans le monde et de craintes de conflits que la mémoire de ces vies sacrifiées fera réfléchir les dirigeants des pays pour éviter de revivre ces drames.

Comme l’a dit Léon Blum, « les jeunes sont l’espoir, la vie qui vient, la sève qui monte, de la jeunesse d’aujourd’hui va dépendre le sort prochain de l’humanité ».

Dans les lycées, et en étudiant l’histoire de notre pays, il est à souhaiter qu’ils essaieront d’ éviter le retour de tant de sang et de larmes versés par leurs aînés.

Un jeune garçon âgé de 12 ans, habitant de Carquefou, vient justement d’être nommé « porte drapeau » de l’Union des Combattants de sa ville pour dit-il « rendre hommage à son papi et aux Français qui se sont battus et nous permettent de vivre en paix ». Un bel exemple à suivre.

Que rajouter à cela ?

Que les fleurs qui vont être déposées sont un très modeste témoignage de notre admiration et de remerciement pour ceux qui ont sacrifié leurs vies pour le retour de la paix .

Qu’ils soient assurés qu’ils restent vivants tant que nous penserons à eux. »

                                

Prise de parole devant la Stèle Clemenceau

Jean-Louis Liters au nom du Comité de l’Histoire

 

 

 » Ces dernières années, participant à la célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale, le Comité de l’Histoire du Lycée Clemenceau a rendu hommage, à l’occasion de chaque 11 novembre devant le médaillon de Georges Clemenceau, aux élèves et aux membres du personnel du lycée qui ont payé de leur vie le conflit 1914-1919.

Nous aurions aimé, en le mois de mai dernier, célébrer aussi les cent ans de la venue dans cette cour d’honneur, le 27 mai 1922, de Clemenceau lui-même. On le sait, cela n’a pas été possible.

Heureusement après « Les Chroniques nantaises de la Grande Guerre » de notre ami historien Jean Bourgeon, le Comité a publié du même auteur un ouvrage numérique de 139 pages intitulé « La génération de la guerre. Le Grand Lycée de Nantes. 1914-1931 », ouvrage qui comprend aussi une liste détaillée de 306 noms de Poilus du Lycée victimes de la Guerre.

Ce document bien accueilli figure d’ores et déjà dans nombre d’organismes officiels : les archives municipales, les archives départementales, l’office des anciens combattants, le musée Georges Clemenceau de Paris, et bientôt la bibliothèque municipale.

Aujourd’hui nous tournons la page et nous voulons saluer la mémoire de deux anciens élèves qui payèrent de leur vie leurs actes de Résistance durant le deuxième conflit mondial.

Le hasard a fait qu’en septembre dernier une personne résidant dans le Vaucluse nous a interrogés via le site Georges et les autres. Ce correspondant, Hervé Heyte, écrivait :

« Bonjour,
Historien de ma famille, je suis à la recherche d’informations sur mon oncle Louis HEYTE, ancien élève de votre Lycée et Robert MANKEL, aussi ancien élève, tous deux décédés lors du dernier conflit pour faits de résistance… ». 

Depuis nous avons beaucoup échangé et de larges extraits d’un ouvrage qu’ Hervé Heyte a en préparation seront l’objet du numéro du Tigre déconfiné publié demain 11 novembre.

Louis et Robert ont été au Lycée dans la même classe de première en 1939-1940.

Louis est d’origine belge tandis que Robert est luxembourgeois.

Louis est né à Rouen et Robert au Luxembourg. Ce ne sont pas des Nantais de vieille souche.

Le père de Louis était le directeur de la distillerie de Port-Saint-Père et sa mère était institutrice.

Le père de Robert occupait des fonctions importantes, sans doute la direction, dans des mines de la région de Châteaubriant.

Il faut citer aussi Henri et Georges les frères de Louis ainsi qu’André le frère de Robert, même s’ils n’ont pas été élèves du Lycée Clemenceau. Les deux familles étaient très liées.

Louis et Robert ont appartenu au même réseau de Résistance, affilié à Libération Nord, le réseau Cohors Asturies. Louis avait pour pseudo Huron. Pour Robert c’était Méritant.

L‘une des misions du réseau, écrit Hervé Heyte, était de faire transiter des aviateurs alliés, abattus au dessus de la France et de l’Italie et ensuite de les diriger vers la Bretagne pour être embarqués clandestinement pour l’Angleterre. Les autres tâches dévolues à ce réseau concernaient le renseignement, principalement orienté sur les défenses côtières et les ports, les mouvements de troupes, le numéro des régiments, et la lutte contre le STO en informant à l’avance les intéressés de leur convocation. 

Louis et Robert sont morts alors que la France allait être libérée du joug nazi. 

Robert blessé et arrêté fut achevé par les nazis le 8 août 1944 à Vertou. Il avait 23 ans

Louis, libéré du camp de concentration de Mauthausen, est mort d’épuisement à l’hôpital de Linz en Autriche le 5 juin 1945. Il avait 22 ans.

Le nom de Louis Heyte figure sur les Tables du Parloir. Celui de Robert Mankel a été oublié. Le Comité de l’Histoire a pour projet d’y remédier. »

 

Catherine Genestoux et Jean-Pierre Regnault

déposent la gerbe du Comité de l’Histoire 

aux pieds de la Stèle Clemenceau

 

Au parloir après la cérémonie

Les participants à la commémoration purent se retrouver dans le parloir et échanger autour d’un verre de l’amitié préparé par les agents du Lycée. Ceux-ci avaient aussi pris l’initiative de décorer la belle table aux couleurs tricolores.

 

 

Isabelle de Loupy, proviseure, et Evelyne Kirn, représentant l’Amicale des Anciens Elèves

(photo JL Liters)