2022/09/13 – La Société des Amis de Georges Clemenceau n’apprécie pas du tout le film « Le Tigre et le Président » et s’en explique (Communiqué de Presse)


Société des Amis de Georges Clemenceau

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 

Le film « Le Tigre et le Président » nuit gravement à l’honneur de Clemenceau, au mépris de toute réalité historique.  Il se présente actuellement comme « inspiré de faits réels », ce qui rend impossible à un spectateur non averti de faire le départ entre la vérité et le faux.

La liste des principales erreurs factuelles est donnée ci-dessous mais nous souhaitons insister sur les plus lourdes et les plus diffamatoires. Clemenceau n’a évidemment jamais tenté d’empoisonner Deschanel et de le rendre fou, en dépit de ce que le film prétend explicitement.

Son attitude par rapport à la présidence de la République est aux antipodes ce qui est décrit : à la suite de son renoncement en janvier 1920 après le vote défavorable d’une partie de la Chambre, il a mis le plus grand soin à ne pas interférer dans la suite de l’élection et à ne pas être considéré comme un recours.

Il n’a jamais fait filmer de fausse visite au front pour la bonne raison qu’il y a passé le tiers de son temps sous de vraies bombes entre novembre 1917 et novembre 1918, ce qui aurait rendu une telle imposture parfaitement inutile.

Plus grave encore, il est absurde de prétendre, comme le film le répète à satiété, suivant en cela la propagande nazie, que le Traité de Versailles serait la seule cause de la Seconde guerre mondiale (les Actes du colloque organisé en novembre 2019 sur le thème « Clemenceau et la paix », qui détaillent les recherches les plus récentes, font litière, après bien d’autres travaux historiques,  de cette sottise). Quant à l’idée que Clemenceau en tant que seul auteur du Traité -chose parfaitement farfelue- serait responsable de la mort du fils de Paul Deschanel, il n’est rien de plus absurde.

Il est clair que l’objectif de ce film est de réhabiliter l’image de Paul Deschanel – et pourquoi pas ?  L’invention d’un « méchant » pour y parvenir serait sans conséquences si c’était un personnage fictif. Mais s’agissant d’un grand homme de notre Histoire, dont il n’est certes pas question de faire un saint de vitrail mais qui figure au plus haut de la fierté nationale, le traîner ainsi dans la boue est une mauvaise action.

Guy Wormser, 

Président de la Société des Amis de Georges Clemenceau

La Société des Amis de Georges Clemenceau a été fondée en 1930, peu après la mort de Clemenceau par Georges Wormser, dernier chef de cabinet du Tigre, à la demande de sa famille pour défendre sa mémoire et son honneur, en cas de nécessité.

Pour voir l’interview de Guy Wormser au sujet du film sur la chaîne Hérodote

Récapitulatif de divers manquements, plus ou moins grotesques, à la vérité historique.

1) Clemenceau serait marié avec une Anglaise prénommée Rose. Sa femme était américaine.

2) Clemenceau négocierait et signerait le traité de Versailles en tête à tête avec un Allemand.

3) Clemenceau ferait campagne à la Chambre des députés pour la présidence de la République en janvier 1920 : il s’y est toujours refusé.

4) Clemenceau continuerait ensuite à vouloir à tout prix devenir Président de la République et ne cesserait de s’y employer : il intriguerait pour remplacer Deschanel à la suite de la chute d’un train en se précipitant à Paris, en intervenant à la Chambre, en évoquant un enlèvement par les Bolchéviques. Plus tard il reviendrait précipitamment d’Amérique au moment de la démission de Deschanel, en 1920 : son voyage Outre-Atlantique est daté d’alors dans le film alors qu’il a eu lieu en réalité en 1922. Il est parti, en fait, en Égypte en septembre 1920 précisément pour éviter d’être considéré comme un recours après la démission de Deschanel.

5) Ce serait sur la recommandation expresse de Clemenceau, acte criminel, que Deschanel aurait été soigné par un médecin militaire prescrivant une drogue expérimentale (véronal dans de l’alcool) dont Clemenceau aurait eu l’occasion de constater auparavant les effets délétères sur un soldat.

6) Clemenceau se serait fait filmer, en 1920, dans une fausse scène au front avec des soldats figurant une attaque sous de faux bombardements – alors que toutes les archives filmées possibles de ses véritables et très nombreuses visites dans les tranchées étaient disponibles.