2021/11/11 – Le Tigre déconfiné 23 : Victor Rodrigue et Léon Guillot, deux Poilus amis morts au combat


Une édition du Tigre déconfiné

de circonstance

en ce 11 novembre :

 

un hommage rendu à deux Poilus

amis morts au combat

 

Victor Rodrigue

et

Léon Guillot

 

Cliquez sur le lien :

LTD N°23 Rodrigue et Guillot

 

Merci à Madeleine Rodrigue et à Claire Guiorgadzé à qui nous devons l’essentiel de ces informations.

 

Jean-Louis

 

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Lettre de Victor Rodrigue à ses parents

datée d’août 1916

que vient de nous adresser sa nièce,

Madeleine Rodrigue.

 

« Chers parents,

Reçue cet après-midi votre lettre du 13 et, maintenant, que les quelques lignes qui suivent ne vous donnent pas le cafard. Hier soir j’ai été blessé; oh ! mais un rien; un petit éclat m’a égratigné un doigt de la main droite; vu médecin, un peu de teinture d’iode, une bande, même pas évacué,

Il n’en a pas été malheureusement pareil pour mon pauvre camarade qui a été blessé à 50 cm de moi. Ce matin quand j’ai été pour le voir à l’ambulance, il était mort des suites de ses blessures.

Tandis que moi j’ai eu une veine de m’en tirer avec à peine une égratignure.

Pensez c’est un 150 boche, il a éclaté à un pas de nous deux. C’est moi-même qui ait ramassé mon camarade et l’ai transporté dans un abri. Quelques moments après on l’a amené à l’ambulance. Il m’a fait appelé, fait quelques recommandations et je l’ai quitté en lui disant que je reviendrai le matin, le voir. Quand je suis arrivé dans la matinée il était mort. Deux minutes avant de mourir il a eu la force d’écrire à sa jeune femme qui bientôt va avoir un bébé les lignes suivantes :

« Ma chérie, je suis touché à mort; aime notre fils veille sur lui et fais-en un homme, un soldat surtout, qu’il se souvienne de son petit père, mort pour son pays. Je t’ai adorée. Embrasse bien mes parents pour moi et dis leur que je pars avec leur souvenir et le tien. Vive la France. Dites leur que j’ai été courageux. «

Il est mort crânement; c’était un brave.

Ne vous inquiétez pas pour moi. »

 

Cette lettre a été lue dans la cour d’honneur du lycée ce 10 novembre lors de la commémoration du 11 novembre 1918

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Les réactions des lecteurs

et des lectrices

du Tigre déconfiné

 

Denis Degan

Merci. Emouvant.

 

Sylvie Bossy-Guérin

Merci pour ce numéro et cette histoire touchante qui montre l’importance des liens nés sur le champ de bataille.

Cette histoire m’a également fait penser à un podcast sur les prénoms pendant la guerre et notamment la question de la transmission des prénoms des pères.

http://parolesdhistoire.fr/index.php/2021/09/12/210-les-prenoms-la-guerre-lhistoire-avec-baptiste-coulmont-et-nicolas-todd/

 

Florence Regourd

Merci pour cet envoi. Décidément, la guerre 1914-1918 n’est pas finie comme le croyait Antoine Prost, et l’on continue à recueillir tant de témoignages et d’éclairages par le biais des correspondances familiales.

 

Evelyne KIRN

Vice Présidente de l’Amicale des Anciens Elèves des lycées Clemenceau et Jules Verne de Nantes

Quels plus beaux témoignages en ce 11 novembre !

Pour quelqu’un qui n’a pas connu la guerre mais étant fille et nièce de « Poilus »,mon oncle y ayant laissé sa vie, je retrouve dans ces lettres celles qu’ils ont écrites, retraçant la vie et l’horreur de tous les jours, loin de leur famille.

En effet, la « camaraderie » dans les tranchées, l’amitié, mon père l’exprimait particulièrement et avait beaucoup de chagrin quand  un soldat disparaissait.

Que ces dames soient remerciées, pour nous faire partager ces documents et nous permettre de ne pas oublier ces élèves du lycée, que nous honorons chaque année devant le monument aux morts de la cour d’honneur du lycée Clemenceau.

 

Daniel Rivière

Merci pour la publication de cette belle et très émouvante lettre de guerre et quelle belle écriture, quelle calligraphie à la plume !