2020/10/16 – Un professeur assassiné à Conflans-Sainte-Honorine pour avoir fait son travail d’enseignant


Réactions après l’assassinat de Samuel PATY,

professeur d’histoire-géographie

au Collège du Bois-d’Aulne

de Conflans-Sainte-Honorine

 

Robert BADINTER

L’Invité de 7 h 50 de Léa Salamé sur France-Inter le mercredi 21 octobre 2020

 

Robert Badinter, avocat et ancien Garde des Sceaux, ancien élève du Lycée Jules Verne, président d’honneur des cérémonies du Bicentenaire du Lycée Clemenceau

 

Robert Badinter rend hommage à Samuel PATY

 

Robert Badinter a déclaré :

« C’est un honneur pour moi de rendre aujourd’hui hommage au professeur Samuel Paty devant vous.
Samuel Paty a consacré sa vie d’homme à la plus belle des missions: éduquer les jeunes dans le respect des lois et des valeurs de la République en lesquelles il avait foi et pour lesquelles il a donné sa vie.
Parmi ces valeurs, la liberté d’expression et d’opinion, y compris religieuses, qui fonde la laïcité lui étaient particulièrement chères.
C’est donc de cette laïcité que je veux aujourd’hui vous parler.
La laïcité dans notre République, c’est d’abord l’expression de notre liberté car la laïcité permet à chacun de pratiquer la religion de son choix ou de n’en pratiquer aucune, selon sa conviction.
La laïcité dans notre République, c’est aussi l’égalité entre toutes les religions. Il n’existe pas dans la République de religion d’État ou de religion officielle. Elle les reconnaît toutes et n’en privilégie aucune.
La laïcité de notre République, c’est enfin la fraternité, parce que tous les êtres humains, femmes ou hommes, quelles que soient leurs croyances ou leurs opinions, méritent une égale considération et appellent un même respect.
C’est pourquoi en France, l’École de la République est laïque car la laïcité garantit à tous les élèves et à tous les niveaux un enseignement consacré au seul culte du savoir et de la recherche, qui forgent les esprits libres et ouverts au monde.
Honorons donc la mémoire de Samuel Paty, héros de la laïcité. »

 

Corinne RAGUIDEAU

Message posté sur LinkedIn le vendredi 16 octobre 2020, vers 23 heures

 

Corinne Raguideau, proviseure du Lycée Lakanal à Sceaux, ancienne proviseure du Lycée Clemenceau et cofondatrice de Georges et les autres

 

« C’est endeuillés et profondément marqués que nous allons partir en vacances, après l’attentat dont vient d’être victime l’un des nôtres.
Je voudrais dire, au-delà de la compassion pour toute la famille et les proches de ce professeur mort pour avoir fait son métier et prôné la liberté d’expression, toute l’horreur que m’inspirent les dogmatismes et les fanatismes qui mènent à de tels actes définitifs, à la négation de la vie et de l’humain ; mais aussi, au-delà du drame, toute la fierté que j’ai d’appartenir au parti des défenseurs de la liberté, de l’esprit critique, de l’ouverture et de la pensée. Notre posture n’est pas celle de la facilité ; elle ne flatte pas les instincts les plus immédiats des individus d’aujourd’hui ; elle valorise la réflexion, le sens de l’effort, la remise en cause, la mise en perspective, là où d’autres flattent l’ego et promettent plaisir immédiat et solutions simplistes. Former les citoyens éclairés de demain est le coeur de métier des professeurs. C’est le plus beau des métiers. Il n’est pas sans risques. Mes pensées attristées, en même temps qu’empreintes de fierté, accompagnent aujourd’hui chacun d’entre eux. »

 

Jean GUIFFAN

Article publié dans Presse Océan (Edition du mardi 20 octobre 2020)

 

Jean Guiffan, agrégé d’histoire et ancien professeur de Khâgne au Lycée Clemenceau, est notamment l’auteur de l’historique du lycée dans le Livre du Bicentenaire.

 

 

Jean Guiffan ne transige pas avec la Laïcité :

 

Lettre envoyée à Ouest-France le 21 octobre 2020 à propos d’un article paru ce même jour.

La rédaction lui a répondu favorablement le 22 octobre, allant dans son sens.

 

« Bonjour,

Très choqué par la présentation de l’article « La laïcité à l’école » dans la page « Enfants ».

Vous semblez ignorer qu’il y a des athées et des agnostiques.

Il y a un grave manque dans la phrase  : « Son objectif : que à l’école, tous les élèves et les adultes puissent vivre ensemble même s’ils ont des religions différentes ». Il fallait ajouter « ou qu’ils n’ont pas de religion ».

Même chose pour la phrase suivante : « L’école laïque accepte tous les élèves, de toutes les religions »; il fallait ajouter « ou qu’ils n’aient pas de religion ».

À lire ce grand article, tous les élèves devraient avoir une religion ! C’est ce que pensent les intégristes de toutes les religions…

Vous vous contentez juste d’un petit rappel en haut à droite sur la loi de 1905 : « En France, chacun est libre de choisir sa religion ou de ne pas en avoir ».

Désolé de voir cette erreur dans ce que je considère être un des meilleurs journaux de France.

Avec mes sentiments les meilleurs,

Jean Guiffan

Agrégé de l’Université »

 

A l’Assemblée Nationale

Sur les marches du Palais-Bourbon, le mardi 20 octobre 2020

 

A la Sorbonne

Dans la Cour de la Sorbonne, le mercredi 21 octobre 2020.

 

Ouest-France (jeudi 22 octobre 2020)

 

Chanson de Gilbert LAFFAILLE

Ecrite au moment de la guerre de Bosnie

Transmise par Alain Bergerat et Jean Guiffan

Tous les deux anciens professeurs d’histoire au Lycée

 


LE MAÎTRE D’ÉCOLE

J’aimais bien le maître d’école.
Il nous lisait des poésies
Mais aujourd’hui, la ville est folle :
Même les enfants ont des fusils.

Où est la chanson de Prévert ?
Tous les oiseaux ont disparu.
Y’a pas de bois pour cet hiver
Et plus un arbre dans les rues.

Il est loin, le temps des cerises
Et du chemin des amoureux.
Les filles se donnent pour des devises
Et les garçons se battent entre eux.

J’aimais bien le maître d’école.
Il nous faisait chanter debout
Et on se terre dans les sous–sols.
Tout le pays est à genoux.

Il est parti sans sa valise.
On n’a pas pu lui dire adieu.
Ils vont prier dans les églises
Et font la guerre au nom de Dieu.

J’aimais bien le maître d’école,
Son bon sourire et ses yeux doux.
Il était libre de paroles
Et nous donnait confiance en nous.

Qu’est–ce que tu veux que je te dise ?
Il est tombé devant mes yeux.
J’ai vu le sang sur sa chemise.
J’ai quatorze ans et je suis vieux.

 

Paroles et Musique Gilbert Laffaille.

Extrait de l’album « Ici » (1994)