Sciences physiques et chimie


Un instrument pour « peser les courants »

 

Le galvanomètre de Bourbouze

 

 

Chacun sait qu’un aimant mobile s’oriente dans le champ magnétique d’un autre aimant, comme l’aiguille aimantée d’une boussole s’oriente dans le champ magnétique terrestre.

En 1820, le Danois Hans Christian Œrsted présente à l’Académie des Sciences à Paris l’expé­rience suivante : une aiguille aimantée, placée au voisinage d’un fil conducteur parcouru par un courant électrique intense, a tendance à s’orienter perpendiculairement à ce dernier, montrant ainsi l’effet magné­tique d’un tel courant.

André-Marie Ampère, qui a assisté à la séance, va alors en deux mois, faire naître une nouvelle discipline : l‘électromagnétisme. Il différencie notamment les notions de tension et d’intensité d’un courant électrique.

Il imagine aussi le premier appareil destiné à mesurer l’intensité d’un courant : il le nomme galvanomètre et propose pour sa conception d’utiliser la déviation d’une aiguille aimantée dans le champ magnétique créé par ce courant.

 

C’est sur cette idée qu’est basé le galvanomètre « de Bourbouze ».

Jean Bourbouze était un fabricant parisien d’instruments scientifiques (1826-1889).

Destiné à des cours publics, le grand galvanomètre du lycée Clemenceau montré ci-dessus était présent au lycée dès 1880 ; il est haut d’une soixantaine de cm et fonctionne encore parfaitement.

Il ressemble à une balance, dont le fléau est constitué d’un aimant droit d’une quinzaine de centimètres. Ce dernier est placé à l’intérieur d’une bobine où le champ magnétique, créé par le courant, est prati­quement uniforme et proportionnel à l’intensité.

Le système de forces magnétiques est un couple qui tend à faire tourner l’aimant solidaire d’une aiguille indica­trice ; le centre de gravité étant sous les couteaux de suspension, l’action de la pesanteur crée un couple antagoniste qui dépend de l’inclinaison. Après de nombreuses oscillations, l’équilibre s’établit et permet la mesure de l’intensité (l’échelle est en milliampères).

On peut donc dire que ce galvanomètre est une balance pour « peser les courants »…

 

 

La gravure ci-dessus est reproduite d’après le « Dictionnaire d’électricité et de magnétisme » (édition de 1891) de Julien Lefèvre, ancien professeur du Lycée de Nantes

 

 Bien d’autres types de galvanomètres ont vu le jour à la même époque et certains d’entre eux, beaucoup plus pratiques (dits « à cadre mobile ») ont permis notamment de fabriquer ce qu’on a appelé des ampèremètres et des voltmètres. Pendant des dizaines d’années le mouvement de l’aiguille a fait les « délices » ou les « cauchemars » de générations de « taupins » qui devaient calculer la meilleure façon d’amortir l’aiguille afin d’avoir une lecture rapide…

 

Autres temps, maintenant bien révolus, à l’heure des appareils numériques !

 

Jean-Paul BOUCHOUX