Né en 1863 : Charles Le Goffic


Livre du Bicentenaire (Coiffard, 2008)

200 ans d'histoire - copie

L’Anthologie

Auteur : Joël Barreau

 

 

 

Charles Le Goffic

 

 

Né à Lannion en 1863, Charles Le Goffic, qui fut le «chantre de la Bretagne» pendant trois quarts de siècle, ne fréquenta, semble-t-il, le lycée de Nantes qu’en classe de philosophie, pendant l’année scolaire 1879-1880 : son nom, en tout cas, n’apparaît que cette année-là au palmarès du lycée, pour un 1er accessit de dissertation française.

Lorsque, l’année du Centenaire du lycée, en 1908, il voulut revoir son lycée, ce sont évidemment les nouveaux bâtiments, inaugurés en 1892, qu’il trouva à la place de ceux qu’il avait connus, mais tout n’avait pas disparu de l’ancien lycée, comme il le dit assez joliment dans un texte paru l’année suivante dans le Livre d’Or du Centenaire :

 

Je suis un ancien élève du Lycée de Nantes, mais un ancien élève de l’ancien Lycée. Voilà une forte nuance. Ma vie d’écolier s’est déroulée dans de vieux couvents désaffectés. A Lannion, à Rennes, à Nantes, l’alma mater campait sur l’héritage des moines. Il en est des maisons comme du cœur des femmes : jamais elles n’oublient complètement leurs premiers hôtes. Et c’est pourquoi, sans doute, l’Université de ce temps-là avait un petit relent clérical qui s’est bien évaporé par la suite.

Qu’ils sont beaux, les lycées d’à présent ! Tout y est neuf, moderne, orienté vers l’avenir : l’air y entre à flots…. Mais vous confierai-je que ce qui m’a le plus touché dans ma visite au nouveau Lycée de Nantes, c’est trois vieux tilleuls à moitié enfouis sous terre ?

Pourquoi les a-t-on épargnés ? Quand les autres arbres, les murs, les grilles tombaient autour d’eux, qui donc plaida leur cause et les sauva du désastre ? Ils ombrageaient déjà, en 1880, notre cour de récréation. Et avec eux, tout de même, c’est un peu du passé qui m’accueille céans. Ils me rassurent ; ils m’attestent que je ne suis pas tout à fait un étranger dans la belle et claire cité qui a pris la place de l’ancienne et où je ne pénétrais qu’avec un secret malaise, un obscur sentiment de défiance. Jeunes gens qui goûtez en ce moment la fraîcheur de leur ombre, vos rêves, dans les hautes ramures, rejoignent ceux de vos aînés ; nos confidences, avant les vôtres, ont ému ces feuillages ; les troncs, couturés, portent encore de confuses initiales mêlées à d’autres plus récentes. Vous n’avez cure, sans doute, que d’être vous-mêmes, et cependant vos gestes répètent les nôtres. Vous nous continuez à votre insu, mes amis.

 

 

– Sur la vie et l’œuvre de Charles Le Goffic, voir sur « Julien / Biographies  » la notice qui lui est consacrée