CARCOPINO-TUSOLI Charles


Charles Carcopino-Tusoli

(1894-1916)

élève

 

Charles Carcopino à gauche 1912-1913

Charles Carcopino (en haut à gauche) 

avec l’équipe du Stade Nantais (1912-1913)

(identifié par Sylvie Bossy-Guérin)

 

 

Est né le 8 septembre 1894 à Nouméa (Nouvelle Calédonie).

Son père, Jean Dominique Carcopino-Tusoli (1855-1935), était « fonctionnaire aux domaines ».

Elève de l’Ecole Polytechnique (reçu major au concours 1913).

Est décédé le 21 juin 1916 devant Verdun (Meuse).

 

Charles Carcopino

(identifié par Sylvie Bossy-Guérin)


Livre du Bicentenaire (Coiffard, 2008)

200 ans d'histoire - copie

Dictionnaire biographique

Notice signée : Jean-Louis Liters

 

CARCOPINO-TUSOLI Charles

(1894-1916) 

Élève

Né le 8 septembre 1894 à Nouméa (Nouvelle Calédonie). Très brillant élève du lycée, puisque reçu la même année, en 1913, major à l’École normale supérieure (sciences) et major à l’École Polytechnique, il opte pour Polytechnique. Sous-lieutenant au 202ème régiment d’artillerie, il meurt au combat le 21 juin 1916, âgé d’à peine vingt-deux ans. Dans Mémoires d’une autre vie, l’écrivain Francis Carco évoque la sépulture à Blercourt, près de Verdun, de son jeune frère. »

 

Francis Carco, Mémoires d’une autre vie / De Montmartre au Quartier latin, chapitre XVII

« Et voilà ! il me restait pour vivre des « papiers » sur les peintres, des échos, des comptes rendus d’exposition que Vauxcelles accueillait dans sa page du Gil Blas. Valette m’avançait au Mercure, mes premiers droits d’auteur. J’étais aux anges quand juillet s’acheva dans la stupeur et la consternation. La guerre éclata. Brusquement tout parut emporté, balayé. Après Du Fresnois, après Marcel Drouet, Charles Perrot, Louis Persaud, Jean-Marc Bernard, Guillaume Apollinaire succombait la veille de l’armistice et, plus tard, Jean Pellerin. Mon frère Charles, major de sa promotion à l’Ecole Polytechnique, non plus, ne revint pas. Quand j’y pense et revois le meilleur de notre famille, cet enfant dont j’ai compté les restes à Blercourt sous Verdun, sa mort m’est toujours fraîche et me déchire atrocement. Les fosses du cimetière répandaient une odeur d’évier. Des sidis les avaient ouvertes et, peinant, à grand effort de pioches, pour défoncer les cercueils que l’on voyait baigner dans l’eau, ils s’agitaient comme des damnés. Mais les couvercles cédaient et, dans leurs uniformes boueux, nos pauvres morts apparaissaient au jour tiède des vivants. Etendus sous de lourds manteaux règlementaires, il fallait par morceaux les arracher du trou et, dans un drap, déposer membre à membre leurs débris, les arranger, puzzle monstrueux, puis les coucher – en avalant ses larmes – dans de nouvelles bières, sur un matelas de sciure de bois où l’eau noirâtre, qui s’égouttait des draps, saignait une seconde fois. Abominable et cape,niant très noble et nécessaire épreuve. Nul de s’y dérobait. Ces masses grisâtres, pétrifiées par l’eau où elles avaient longtemps séjourné sous la terre, restituaient aux corps une apparence humaine, mais dans nos mains elles étaient si pesantes que le coeur nous manquait. Jusqu’au bout, néanmoins, chacun s’y appliquant avec une espèce de démence, nous assistâmes aux plus pénibles formalités et je vis, pour mon frère, que l’éclat qui l’avait atteint, n’avait fait à la tempe qu’une très petite fissure, très nette, sans rien briser de son crâne mis à nu.

Malgré l’été, malgré la tendre lumière du jour, tout, alentour, semblait saisi d’une immobile tristesse. Des bois, couronnant les hauteurs, par où je savais que, la nuit du 21 juin 1916, celui que je pleurais avait été dirigé sur Blercourt, aucune rumeur ne s’élevait. On entendait que le silence de ces vertes collines, de cette vallée à mi-flanc de laquelle se trouve le cimetière et qui, paisible et peu profonde, présentait de toutes parts à la vue des perspectives bien mesurées. Les peupliers bordant la route, les chaumes, les prairies basses, molles, fraîches comme l’eau des sources, composaient un heureux paysage qui, agissant sur nos nerfs torturés, les calmait. Et je pensais à mon frère Charles dont l’intelligence avait été remarquée de tous ses amis de l’Ecole et de ses professeurs. Je me disais qu’il n’était plus et que, grand par l’esprit, ce frère de vingt-deux ans, c’est à la tête que Dieu l’avait voulu frapper.

Qui n’eût pensé comme moi, durant qu’un après l’autre, des camions chargés de cercueils, descendaient entre les buissons ? Ils roulaient en laissant échapper à leur suite une longue traînée de fumée qui, à mesure, dans l’air léger se dissipait, se volatilisait. Puis les camions disparurent et l’impression que la vie et la mort s’effaçaient, me parut presque douce, car, en moi-même, des souvenirs, dont le témoin n’était plus là pour ranimer les cendres, s’éloignaient eux aussi sans espoir de retour. Tout me fuyait, comme à dessein de m’imposer cette émouvante leçon que j’avais entendue et qui, déjà, se rapportant à d’autres faits, les reculait de plus en plus dans ma mémoire et les faisait, lentement, chavirer vers ce gouffre que chacun porte en soi. »

 


Livre d’Or de la Guerre du lycée

 

« Carcopino-Tusoli (Charles), Elève de l’Ecole Polytechnique, Sous-Lieutenant au 2ème Régiment d’Artillerie, mort pour la France le 21 juin 1916, cité à l’Ordre de l’Armée le 19 juillet 1916.

A fait preuve au cours des combats du 15 au 18 juin 1916 des plus belles qualités de dévouement. Dès la prise des tranchées ennemies s’est porté spontanément sur la première ligne malgré un violent bombardement pour envoyer à sa batterie des renseignements très précieux par signaux optiques, et a rapporté au commandement des renseignements très précieux sur la situation des troupes. A été pour ce fait l’objet d’une citation à l’ordre de la Division, et a été tué sur la position de la batterie le 21 juin 1916. »

Source : Lycée Clémenceau – Association Amicale des Anciens Élèves – Livre d’Or de la Guerre p. 12

(Nantes, Imprimerie Mthe Chantreau & Cie, 1921)

 

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Le monument de Sarrola

Le nom de Charles Carcopino est inscrit sur le Monument aux morts de Sarrola, commun aux deux hameaux Sarrola et Carcopino.
Merci à Sylvie Bossy-Guérin qui a obtenu ces photos d’un correspondant en Corse.

 

Photos Dominique Camusso

 

 

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Information

donnée le 5 janvier 2020

par Sylvie Bossy-Guérin

 

Des lettres de Charles Carcopino datant de 1916 ont été données lors de la grande collecte :

http://archives.meuse.fr/ark:/52669/a011467103638cXwFDm/917fd9f9e2

Cinq lettres adressées à ses parents, entre le 17 janvier 1916 et le 10 juin 1916.

On sait que Charles Carcopino a été tué au combat le 21 juin 1916.

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Extrait du site  Nos Ans Criés / Nos Années Cruelles / Jean Bourgeon

 

8 juillet 1916 : Le lieutenant Carcopino

Le Phare publie le communiqué suivant :

« Le lieutenant d’artillerie Charles Carcopino a été tué le 21 juin, à l’âge de vingt deux ans. Ce jeune officier, fils du conservateur des hypothèques d’Angers, fut un des plus brillants élèves du Lycée de Nantes ; il avait été reçu en 1913, premier au concours de l’Ecole normale supérieure (sciences) et à celui de l’Ecole Polytechnique. Pour cette seconde épreuve, il avait obtenu le nombre extraordinaire de 2 132 points sur un maximum possible de 2 420, et s’était maintenu premier au classement jusqu’à la fin de sa première année d’école ; il fut alors affecté, par la mobilisation, au 2e régiment d’artillerie.

            Sa dernière lettre à ses parents contenait ces mots :

            « Vous n’êtes pas pardonnables d’être aussi inquiets à notre égard ; si vous aviez fait tout d’abord le sacrifice qui vous était demandé, celui de la vie de vos enfants, vous seriez heureux de voir tous les jours qui s’écoulent avant sa réalisation… Quant à nous, nous nous sommes donnés à la France, nous ne nous reprendrons pas. »

            La mort du lieutenant Carcopino est une perte aussi douloureuse pour la science que pour la Patrie ».