2021/01/05 – Joël Batteux et le Radôme : « Une bulle de Liberté » (Ouest-France)


Joël Batteux,

 

ancien maire de Saint-Nazaire,

 

et ancien élève du Lycée Clemenceau

où il a fait sa Prépa Ingénieurs,

 

répond à Ouest-France 

à propos du Radôme.

 

Joël Batteux (Ouest-France)

 

 » Un radôme. Étrange mot qui, pour beaucoup, n’évoque rien, même si, en définitive, il en rassemble deux : radar et dôme. Depuis maintenant treize ans, cette demi-sphère trône sur le toit de la base sous-marine à la vue des plus curieux. Bizarrerie sans charme pour certains, prouesse artistique pour d’autres, cet objet suscite l’attention dès lors qu’on lève un peu la tête.

À l’origine de son installation, Joël Batteux, un homme qui a occupé le siège de maire de 1983 à 2014, avec la volonté chevillée au corps de réhabiliter cet énorme bunker de béton et d’acier. Alors, ce radôme, une cerise sur le gâteau ?

« Dans les années 1980, les gens ne voulaient plus de la base sous-marine. C’était trop de mauvais souvenirs pour eux , raconte l’ancien élu de gauche, arrivé à Saint-Nazaire après la guerre. Pour moi, cette base, c’était un monument historique. Dans cinquante ans, les gens la regarderont à l’image des fortifications de Vauban. »

À l’évocation de détruire le site, il se raidit de nouveau. « À l’époque, la destruction aurait coûté 23 millions d’euros. Aucune entreprise n’aurait accepté à forfait. Ce ne serait pas rentré dans le cadre des marchés publics. »

Un projet solide

Quand bien même, Joël Batteux en est toujours persuadé, cette base est comme une forteresse. « C’est devenu le monument le plus connu de Saint-Nazaire. Toutes les villes qui possèdent une base sous-marine l’ont conservée. » Fermez le ban.

D’autant que le projet de mettre du culturel (lieux de concerts, d’expositions, musée…) dans cet ancien lieu de guerre a pris forme à la fin des années 1980, grâce notamment à l’augmentation des impôts de 8 % d’un coup. « Pour obtenir les soutiens nécessaires , justifie le maire. Mon raisonnement, c’était que quand un projet est solide, confronté à toutes les critiques possibles, il trouve son financement. »

Aller-retour à Berlin

Un vrai défi qui, avec le temps, amène son équipe jusqu’au cabinet Lin de Berlin, celui où travaille l’urbanisme et architecte Finn Geipel. L’homme devient, avec Giulia Andi, maître d’œuvre du projet de « Alvéole 14 ».

« Le fait que cela soit un Allemand qui prenne en charge la conception, c’était un joli symbole. » Mais l’affaire ne s’arrête pas là, puisqu’un jour, l’architecte, qui navigue entre la France et l’Allemagne, arrive dans le bureau du maire en affirmant avoir rencontré le ministre de la Défense d’outre-Rhin. La décision de fermer l’aéroport historique de Berlin-Tempelhof avait été prise.

Il fallait recycler le matériel, ainsi que l’immense structure qui abritait le radar de l’Otan. « “Moi, je connais un endroit où le mettre !” lui a dit Geipel. C’était parfait. Le radôme représente un truc qui, dans mon esprit, envoie ses rayons de partout. Comme un lieu de culture en ébullition ! »

Après une visite effectuée dans la capitale allemande, le marché est alors conclu, avec un transport de la structure aux frais de l’Allemagne. « Son rôle à Saint-Nazaire ? Peut-être symbolique ma foi, même s’il a accueilli des manifestations culturelles. En tout cas, je le vois toujours comme une bulle de liberté dans cette grosse cathédrale de béton. »