2018/04/03 – Les jardiniers du lycée Clemenceau (article de Ouest-France)


Ce jour, Ouest-France

consacre un long article

aux plantations de la Cour Jules Vallès

et à leurs jardiniers,

ceux du lycée

et ceux de l’école d’horticulture.

 

 

Jardiniers cour Jules Vallès

 

 

« Depuis deux ans, des lycéens volontaires appliquent les préceptes de la biodiversité dans l’une des cours de l’établissement nantais, repérée par les oiseaux.

Sauge, thym, lavande, laurier-rose, gazon d’Espagne… Accroupis près de bacs en bois, les mains dans la terre, ils piochent et plantent, faisant fi de la pluie qui menace. Mercredi, 14 h, lycée Clemenceau, à Nantes, jour de jardinage dans une cour de l’établissement.

Une dizaine de secondes parlent semis et floraison avec une poignée d’étudiants de l’école d’horticulture du Grand-Blottereau. « Avant, la cour était un peu à l’abandon. Maintenant, elle revit. Et c’est génial, j’ai appris à faire des boutures », jubile Sara, 15 ans.

« Nous les jeunes, nous avons de moins en moins de contacts avec la nature. Ça fait du bien de voir du vert et de plonger les mains dans la terre », complète Louis, 15 ans.

Le projet biodiversité urbaine a été lancé au lycée Clemenceau à la rentrée 2016. À l’origine, l’envie de deux enseignants en SVT (sciences de la vie et de la terre) d’adoucir le bitume environnant. Le hasard fait parfois bien les choses.

Au pied du bâtiment SVT, il y avait la cour Jules-Vallès, jusque-là entretenue par une société privée férue de pesticides. Changement d’esprit, donc, depuis que des ados gèrent l’entretien de l’espace, encouragés par le personnel du lycée.

Autonomes

Hors temps scolaire, un mercredi par-ci par-là, les volontaires retroussent leurs manches et retournent la terre. Les bacs en croûte de chêne ? Ils les ont fabriqués eux-mêmes, en février.

La prof de SVT Béatrice Guillet confie s’être sentie « heureuse » de les avoir vus si nombreux à la tâche. « Ils étaient efficaces, autonomes, contents. Quand ça marche tout seul, c’est très bon signe. »

Le pari n’était pourtant pas gagné. « Au début du projet, nous ne savions pas trop où nous allions. Puis nous avons rencontré les étudiants du Grand-Blottereau. Leur enthousiasme a été communicatif », raconte l’enseignante.

Tablier de jardinier lui enserrant la taille, Louis s’apprête à planter un arbuste en motte. Firmin, 20 ans, en BTS au Grand-Blottereau, le guide patiemment. « Pour décrocher notre diplôme, nous devons être capables de créer une équipe de jardiniers, donner des directives, parler des plantes, explique le jeune homme. C’est ce qu’on fait ici. Un vrai entraînement. »

Son camarade Quentin, 19 ans, apprécie par ailleurs le rapport tissé avec les enseignants : « Il y a un respect mutuel. »

En deux ans, la cour a changé, est devenue vivante. Un nichoir, un distributeur de cacahuètes et des boules de graisse ont été installés pour les oiseaux. Font-ils la navette avec le jardin des plantes, une rue plus loin ?

Mésanges et moineaux

Grand sourire du prof de SVT Patrick Ferreira, mordu d’ornithologie. « Maintenant, la cour est remplie de mésanges, de moineaux, d’insectes. Nous aimerions faire de ce lieu une étape de biodiversité dans Nantes, à la manière des villes-jardins aux espaces verts connectés, ces couloirs écologiques qui permettent aux espèces de passer d’un endroit à l’autre. »

Patrick Ferreira considère que le projet est aussi une manière d’amener les lycéens à une « citoyenneté active ». Sauver les abeilles, préserver les espaces naturels, protéger la faune… « Nous les avons fait rencontrer des personnes très différentes et très impliquées dans la biodiversité. Des échanges d’une grande richesse. »

 

Isabelle MOREAU. »