2021/11/10 – Commémoration du 11 novembre 1918 (lycée Clemenceau)


Renouant avec une tradition ancienne,

interrompue l’an dernier par la Covid,

 

le Lycée,

l’Amicale ds Anciens Elèves des lycées Clemenceau et Jules Verne

et

le Comité de l’Histoire du lycée Clemenceau

 

ont commémoré le 11 novembre 1918.

 

 

Sous la direction de Madame la Proviseure, Isabelle de Loupy,

 

Photo MB

 

il y eut d’abord, au nom des Anciens Elèves des allocutions d’Evelyne Kirn, vice présidente, et de Bernard Allaire, président d’honneur de l’Amicale.

Photo BA

 

Photo MB

 

Suivies du dépôt au pied du Monument aux morts des gerbes du Lycée et de l’Amicale.

Photo MB

 

Dans un deuxième temps, l’assistance se déplaça vers la stèle Clemenceau.

 

La prise de parole de Jean-Louis Liters, président du Comité de l’Histoire, fut suivie du dépôt de la gerbe du Comité au pied de la stèle.

Photo MB

 

Catherine Genestoux, JL Liters et Joël Barreau

Photo BA

 

Plusieurs morceaux musicaux et la Marseillaise accompagnèrent la cérémonie.

 

Photos Michelle Bessaud

et

Photos Bernard Allaire

Georges

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Lycée Clemenceau de Nantes

Commémoration du 11 Novembre 1918

Mercredi 10 novembre 2021

 

 

Prise de parole d’Evelyne Kirn,

vice-présidente,

au nom de l’Amicale des Anciens Elèves

des Lycées et Collège Clemenceau et Jules Verne

 

Après l’ interruption d’une année, en raison de la pandémie, nous nous retrouvons dans cette cour pour la cérémonie instituée, à compter du 1er novembre 1922, à la principale initiative de l’Amicale des Anciens Elèves de ce lycée, devant le monument inauguré par Georges Clemenceau lui même, le 27 mai  1922, au titre notamment  d’ancien élève de ce lycée et de membre actif de notre Amicale.

En effet, Alphonse Gautté, le président de notre Amicale pendant 49 ans, de 1873 à 1922, qui était d’ailleurs camarade de promotion de Georges Clemenceau, est à l’origine de son édification.

Ce monument a été financé en grande partie par les membres de notre amicale, par un compte spécial, la trésorerie de celle ci, nantaise et parisienne, et la Ville de Nantes.

Un ancien élève, combattant 14/18 a été choisi pour le sculpter, Siméon Foucalt, Premier grand prix de Rome, qui abandonna une partie de ses honoraires et l’architecte, également ancien élève, Charles Guignery, qui l’a conçu et érigé, ne réclama aucune somme pour son travail.

C’est l’occasion, comme le disait le philosophe Jacques Ricot, qui a été professeur dans ce lycée, de « commémorer, c’est se souvenir ensemble ».

Je vous invite à regarder de près et attentivement ce que représente le monument.

Le bas relief en bronze représente deux scènes illustrant la phrase gravée sur la pierre,

« A nos camarades morts pour la patrie », le mot camarade étant pris au sens large, soit désignant celui qui partage une familiarité, ou un régiment, ou une classe.

Sur la gauche, vous  observerez les élèves s’abritant derrière la Patrie Victorieuse tenant un rameau de lauriers et un élève qui porte une statue de Minerve représentant la Culture brandie ; à l’arrière, un professeur en toge.

Comme le relève François Perdrial, qui a été lui aussi professeur d’histoire dans ce lycée, « ces personnages représentent ceux qui n’ont pu aller sur les champs de bataille car trop vieux, ou trop jeunes ».

Sur la droite, on trouve représentés les anciens élèves, devenus militaires et combattants sous la forme des différents grades et composantes d’une armée : c’est la représentation des défenseurs de la Patrie ou de leur solidarité.

Ce monument se veut en effet l’illustration d’une France victorieuse apportant des couronnes aux soldats mais au bas du socle vous remarquerez une urne funéraire recouverte d’un drapeau.

Cette scène est le symbole de l’engagement du lycée dans la guerre et du sacrifice des camarades pour la liberté des générations futures.

L’emplacement du monument a été choisi pour qu’il soit le plus visible possible, en harmonie avec l’architecture de la cour, entouré de verdure pour s’en mieux détacher.

Tous les membres de la communauté lycéenne passent devant chaque jour et les professeurs y voyaient un but éducatif et d’enseignement.

Il est à noter qu’il y a très peu d’oeuvres de ce genre à l’intérieur d’un lycée, en hommage et témoignage d’admiration et de reconnaissance envers tous les disparus ayant un lien avec l’établissement.

Un autre témoignage de la Grande Guerre et de celles qui ont suivi se trouve sur les murs du  parloir de ce lycée, une « salle d’honneur »; en effet, plus de 300 noms y sont inscrits rappelant le sacrifice des vies, à tout jamais.

Ce sont nos tables mémoriales rassemblant tous les membres de la communauté lycéenne car la place manquait sur le monument  et la liste ne cesse d’être mise à jour au fil des années.

Ce devoir de mémoire est la suite du souhait exprimé par Georges Clemenceau lui même, à la Chambre, le 11 novembre 1918 :

 » il faudra qu’un jour de commémoration soit institué en leur honneur dans la République Française »;

le secrétaire de notre amicale  déclarant quant à lui, en 1922, 

« cet hommage sera renouvelé tous les ans au 11 novembre et deviendra une tradition de notre société amicale ».

Nous le réalisons en cet instant en déposant une gerbe de fleurs au pied de ce monument et remercions chaleureusement Madame La Proviseure et toute son équipe de permettre l’organisation de cette cérémonie annuelle ainsi que les personnes présentes autour de nous, en nous réjouissant de la présence de professeurs et d’élèves.

Cet  hommage n’est pas si désuet que l’on veut bien le dire puisqu’en 2019 le Président de la République a inauguré un monument, à la mémoire de tous les disparus depuis 1963 en Opérations Extérieures, signe que les édifices rappelant  l’histoire de notre pays et de sa liberté, grâce aux combattants et aux victimes disparus, sont nécessaires à l’éducation des générations suivantes.

Je laisse maintenant la parole au Président d’honneur de notre Amicale, Bernard Allaire, qui après cette évocation du passé va vous parler de ses espoirs pour les générations actuelles et futures, liées à ce lycée.

 

Prise de parole de Bernard Allaire,

président d’honneur

de l’Amicale des Anciens Elèves

 

Au moment où elle organisait son concours Prix Étincelle (2013-2014) ouvert aux collégiens, lycéens et étudiants des lycées Jules Verne et Clemenceau (2013-2014), l’Amicale des Anciens Elèves s’était donnée pour devise : « Jeunesse Oblige ! » et l’avait soumise comme incipit à ses jeunes concurrents.

Quel paradoxe ! Et même quelle audace !

En effet, on pouvait s’interroger sur la légitimité d’un tel mot d’ordre. Au nom de quelle autorité les « anciens » seraient fondés à donner une leçon de savoir vivre aux « jeunes » ?

La première réponse est qu’avant d’être anciens nous avons aussi été jeunes. Que nous ne sommes pas amnésiques. Et que, au temps de notre jeunesse, nous nous sommes sérieusement endettés vis-à-vis de nos lycées.

Dette d’histoire à l’égard de nos propres anciens, ceux de 14. D’où notre engagement ici en ce jour de commémoration célébrant la fin de leur enfer.

Dette d’apprentissages vis à vis de ce que nous avons acquis au temps du lycée pour notre édification.

Enfin, dette de prospective, en songeant à nos propres enfants et petits enfants d’aujourd’hui et à vous-mêmes, futurs jeunes anciens.

« Jeunesse Oblige ! », la nôtre, qui nous a « obligés », même si elle semble lointaine.

Et, bien sûr, la vôtre chers amis d’aujourd’hui !

Car dans cette chaîne trans-générationnelle qui ne demande qu’à se perpétuer, le gong a déjà sonné.

A l’exemple de nos très anciens, et tout comme nous-mêmes, vos anciens, pour quels combats à votre tour allez-vous vous sentir « obligés » ?

Ils sont complexes et arborescents : le climat, la pandémie, le tiers et quart monde.

Et la république laïque, notre héritage.

Merci !

 

Prise de parole de Jean-Louis Liters,

président,

au nom du Comité de l’Histoire

du lycée Clemenceau

 

Il y aura bientôt cent ans, le 27 mai 1922, Georges Clemenceau est revenu au Lycée de Nantes où il avait été élève.

Les murs avaient changé. Le vieux lycée avait laissé place aux bâtiments et à la cour d’honneur que nous connaissons.

Le Père la Victoire venait ce jour-là inaugurer le monument aux morts devant lequel nous venons de nous incliner.

Trois ans après la fin de la Première Guerre mondiale, un ancien élève, élève de l’Ecole militaire de Saint-Cyr, fit alors l’appel des morts du lycée.

Au fil des noms, il cita notamment un certain Victor Rodrigue, originaire de Savenay.

Je voudrais vous lire une lettre de Victor à ses parents datée d’août 1916 que vient de nous adresser sa nièce, Madeleine, âgée aujourd’hui de 92 ans.

« Chers parents,

Reçue cet après-midi votre lettre du 13 et, maintenant, que les quelques lignes qui suivent ne vous donnent pas le cafard. Hier soir j’ai été blessé; oh ! mais un rien; un petit éclat m’a égratigné un doigt de la main droite; vu médecin, un peu de teinture d’iode, une bande, même pas évacué.

Il n’en a pas été malheureusement pareil pour mon pauvre camarade qui a été blessé à 50 cm de moi. Ce matin quand j’ai été pour le voir à l’ambulance, il était mort des suites de ses blessures.

Tandis que moi j’ai eu une veine de m’en tirer avec à peine une égratignure.

Pensez c’est un 150 boche, il a éclaté à un pas de nous deux. C’est moi-même qui ait ramassé mon camarade et l’ai transporté dans un abri. Quelques moments après on l’a amené à l’ambulance. Il m’a fait appelé, fait quelques recommandations et je l’ai quitté en lui disant que je reviendrai le matin, le voir. Quand je suis arrivé dans la matinée il était mort. Deux minutes avant de mourir il a eu la force d’écrire à sa jeune femme qui bientôt va avoir un bébé les lignes suivantes :

Ma chérie, je suis touché à mort; aime notre fils veille sur lui et fais-en un homme, un soldat surtout, qu’il se souvienne de son petit père, mort pour son pays. Je t’ai adorée. Embrasse bien mes parents pour moi et dis leur que je pars avec leur souvenir et le tien. Vive la France. Dites leur que j’ai été courageux.

Victor poursuit : Il est mort crânement; c’était un brave.

Ne vous inquiétez pas pour moi. »

 

Victor Rodrigue alla voir les parents de son camarade nommé Léon Guillot, un Tourangeau, et écrivit à la jeune épouse de celui-ci qui portait en effet un enfant, mais pas un fils, une petite fille qui fut nommée Léone en hommage à son père.

 

Pourquoi avoir choisi cette lettre ?

D’abord parce qu’elle est un exemple des drames causés par la guerre, par toutes les guerres.

Aussi parce que récemment le Comité de l’histoire du lycée a reçu un courrier de l’arrière petite fille de Léon Guillot. Elle avait retrouvé cinq lettres de Victor Rodrigue à sa famille et cherchait à joindre les descendants de ce camarade de son aïeul Léon.

Léon est mort le 17 août 1916.

Son ami Victor, notre ancien élève, à son tour, a été fauché le 30 juillet 1917 devant Craonne.

 

Aujourd’hui il nous appartient de saluer la mémoire de Léon, de Victor et celle de tous les autres tombés au combat.

 

Nous avons l’espoir de pouvoir commémorer en mai prochain au lycée cette journée du 27 mai 1922 marquée par un fameux discours de Clemenceau et, avec le Comité de l’Histoire et notamment l’ami historien Jean Bourgeon, nous préparons un ouvrage qui d’une certaine façon sera la suite des Chroniques nantaises de la Grande Guerre.